De gueules à trois bourdons d'or
Le village de Sarzens est peut être mentionné dès 996 sous le nom de villa sarningis. Il est connu sous le nom de Sarsens en 1261. Au moyen âge, il dépend du domaine de Curtilles, qui fait partie de la Châtellenie de Lucens, propriété de l'évêque de Lausanne. Le village fait partie du baillage de Moudon à l'époque bernoise.
La dîme de Sarzens appartenait, au XVème siècle, à la chapelle de saint André et saint Théodule au château de Bossonnens. Les recteurs de cette chapelle vendirent la dîme de Sarzens, en 1460, pour le prix de 900 florins, à N. Humbert Cerjat, lequel la revendit cinq ans plus tard à N. Boniface de Villarzel avec 200 florins de bénéfice. Ce village fut détaché, en 1840, de la paroisse de Curtilles pour former, avec Brenles et Chesalles, la nouvelle paroisse de Chesalles dont il a partagé le sort.
A la fin du mois de juillet 1846, par une chaude journée de moisson, la cloche sonne, une colonne de fumée s’élève, c’est tout le milieu du village qui brûle, ainsi que son école. Les archives communales sont détruites.
Le pasteur Samson Vuilleumier de Chesalles écrivait le 27 juillet 1946 sur cet évènement :
« Vendredi dernier, 24 de ce mois, un violent incendie a plongé ma paroisse dans un deuil profond. Entre 3 et 4 h. du soir, on vit s’élever du centre du village de Sarzens une large colonne de fumée. Je fus l’un des premiers sur le théâtre de l’incendie, les femmes revenues précipitamment de la moisson couraient à la recherche de leurs enfants. Les hommes sortaient le bétail des écuries. La maison du menuisier était menacée et m’apercevant il s’écria : M. le pasteur, si au moins nous pouvions sauver la chaire. Très vite, elle fut en sécurité ». Elle est toujours en service à l’église de Chesalles. « Le feu se propagea de maison en maison, formant un demi-cercle qui embrasait la maison de commune et l’école. La cloche sonnait encore lorsque le feu prit au bâtiment. Vers 6 heures du soir, l’incendie était dompté. Toute la nuit, le foyer de l’incendie, nourri par des tas de fourrage et de céréales déjà récoltés, éclaira les décombres des six bâtiments détruits où vivaient 45 personnes, dont 21 enfants. Le cercle de Lucens, dont la commune de Sarzens faisait partie, demanda au Conseil d’Etat de pouvoir disposer en faveur de nos pauvres incendiés de sa part de Fr. 10'000.-- consacrés à la fête nationale du 9 août prochain. Cette résolution, à laquelle toutes les communes du cercle accèdent avec empressement, me cause une vraie joie; non seulement parce que si le gouvernement y fait droit ce sera toujours 10 louis de gagnés pour mes malheureux amis de Sarzens, mais aussi parce que c’est une décision qui honore la contrée que j’habite. »
Dans cette commune si pauvre, a-t-on voulu reconstruire trop grand ou trop beau le collège? mais sitôt la reconstruction terminée, elle ne put plus faire face à ses obligations. Sarzens fut déclarée en faillite en 1848. Le conseil d’Etat révoqua les autorités, nomma un régisseur, paya les dettes et accapara le collège, les terrains et les forêts. C’est en 1880 que M. François Ganière fit lever la régie, obtint l’élection de la municipalité, fut syndic, député, voyer de l’Etat et agriculteur. En 1920, l’Etat vend les terrains aux agriculteurs du village. Les forêts sont remises à la commune en 1960 et le collège en 1989.
En 1921, la commune se donna des armoiries. Jugeant qu’aucun événement de son passé n’était assez saillant pour être relevé, elle plaça sur le champ de ses armes trois bourdons évoquant le surnom traditionnel des habitants.